Un été pas en forme olympique pour l’Arc


Alors que les Jeux Olympiques d’été de Paris 2024 ont été l’occasion d’une belle mise en avant de la Seine et de réaliser le rêve d’y rendre possible à nouveau la baignade, après plusieurs décennies d’interdiction, avec les épreuves de natation en eau libre pour les athlètes et la perspective qu’elle le soit pour tous dès l’année prochaine, l’Arc et ses affluents, n’ont pas été, pour leur part, à la fête cet été, une nouvelle fois encore.

Malgré un printemps relativement pluvieux, l’état d’alerte sécheresse sur le bassin de l’Arc a été déclenché par la préfecture des Bouches-du-Rhône à la mi-juillet et les épisodes de pollution se sont succédé tout l’été. Après un nouvel épisode de marée verte aux cyanobactéries à Trets, résurgence du premier survenu en début d’année, une pollution à Rousset, suite au nettoyage d’une cuve par une des industries présentes le long des berges de l’Arc, a conduit à une interdiction d’accès au fleuve sur cette zone fin juillet. Sur le Longarié, affluent de la Luynes, elle-même affluent de l’Arc, à Meyreuil, un équipement rejetant des eaux usées a été détecté, de même qu’une pollution à la confluence entre la Torse et l’Arc à Aix-en-Provence.

Notre association Arc Fleuve Vivant, alertée par des riverains, a saisi les autorités concernées et les médias sur ces pollutions, mais si des actions ont été prises dans certains cas pour préserver la santé publique, aucune explication n’a été encore donnée sur ces pollutions, malgré nos demandes*. Quant aux éventuelles sanctions, elles apparaissent bien hypothétiques et lointaines alors que les dégâts sur le milieu sont eux bien réels.

Un prélèvement et une analyse de l’eau de l’Arc sur la zone concernée à Rousset, réalisé par un spécialiste de notre association, ont révélé une pollution aux nitrates, nitrites, benzènes, antibiotiques, micro-plastiques dans des concentrations astronomiques et plus aucun micro-organisme vivant. Dans le cas du Longarié, il a été déclaré à un des membres de notre association que ce ruisseau n’est pas répertorié, donc que personne n’en est en charge et qu’aucune autorité ne peut agir.

Eau morte et champ libre aux pollueurs, une situation inadmissible pour notre association Arc Fleuve Vivant. Alors que Sophie Joissains, la maire d’Aix-en-Provence, principale localité traversée par le petit fleuve côtier sur près de 20 km et à la confluence de nombreux affluents, a annoncé en 2023 son souhait « que l’on puisse se baigner, à un horizon raisonnable de 15 à 20 ans, dans l’Arc », il est plus qu’urgent de mettre les paroles en actes, sans attendre ni se masquer davantage la réalité. Sinon, la question de la baignade risque de ne plus se poser du tout, sans cours d’eau en bon état de fonctionnement, voire sans eau tout court.

*voir les articles sur ce sujet dans notre rubrique Arc Fleuve Vivant dans les médias.

Illustration : Pollution de l’Arc à Rousset, juillet 2024
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