Votre Super Moustache Festival va bientôt battre son plein près de mes rives et je vous écris, car je suis inquiet pour toute la biodiversité que j’abrite. Comme je sais que vous êtes aixois, j’imagine que vous avez deviné qui je suis. 

Oui, c’est moi l’Arc, le petit fleuve au bord duquel vous aimez peut-être vous promener ! Je ne suis pas aussi fringant que vous. Moi, je suis apparu bien avant les dinosaures, la Sainte-Victoire et la Méditerranée. Et aujourd’hui, on ne peut pas dire que je suis à la fête !

Désormais, on entrave mon cours et celui de mes affluents sous le béton et mon eau est le reflet de la pharmacopée de l’homme moderne : nitrates, nitrites, benzènes, plastiques, antibiotiques… Je pleure la vie aquatique et les baignades d’antan qui autrefois égayaient mon parcours du Mont Aurélien jusqu’à l’étang de Berre !

Je me rappelle encore le bon temps des virées au pont des Trois Sautets de deux élèves du lycée Mignet : un certain Paul Cezanne, fils de banquier qui rêvait des beaux-arts dans sa bonne ville d’Aix, et l’autre, Émile Zola, fils d’émigré italien, risée de ses camarades qui l’appelaient « GorgonZola », et qui se destinait au journalisme ! Il paraît que j’ai laissé une trace dans leurs œuvres.

Tout vieux que je suis, je reste, sans me vanter, le lien et l’artère vitale qui traverse et irrigue la Provence, avec mon chevelu d’affluents. Mes arbres poussent grâce à mon eau et abritent les oiseaux qui chantent dans ma ripisylve, la forêt très spéciale de nos berges que nous, cours d’eau, faisons naître. Ceux-ci ont des goûts très sélectifs et s’ils peuvent se délecter de la musique douce, ils sont faciles à effaroucher et le rock ne leur va pas du tout !

Et voilà maintenant que je suis enclavé, rompu, cerné de toutes parts, des Moustachus viennent, en plus, installer un Super Moustache Festival à deux pas des quelques berges disponibles que les promoteurs n’ont pas encore raflées  ! 

Je suis flatté, mais comprenez que je sois inquiet. Je sais que vous êtes débordants d’énergie et de créativité. Mais moi, mes arbres, mes animaux, nous sommes devenus très fragiles, avec le réchauffement climatique, en plus, qui nous fait déjà souffrir. Alors, faites bien attention à nous, pensez à nous protéger et aidez-nous à pouvoir exister encore un peu !

Merci, les Moustachus, de prendre en compte mon message et de le diffuser auprès de vos fans et des participants au festival. Croyez-moi, ce ne sera pas Duluxe ! Au fait, pour en savoir plus sur moi et soutenir mes droits à exister et les droits de la nature, il vous suffit de consulter mon site web arcfleuvevivant.fr.

Hasta la vista ! Arc Fleuve Vivant, qui aimerait bien le rester.