Grave situation de crise pour l’Arc et tout son écosystème, où sont les réactions ?

En date du 16 février, Stéphanie Fayolle, hydrobiologiste algologue à AMU (Aix Marseille Université) alertait nos deux associations sur « une marée verte » suspecte à Trets. La presse locale, immédiatement informée, signait deux articles documentés soulignant des suspicions d’une contamination de l’eau par des rejets d’engrais azotés entraînant la prolifération rapide et subite de cyanobactéries à l’origine de ces efflorescences vert fluo sur près d’un kilomètre.

Après plusieurs prélèvements et analyses dans son laboratoire, Stéphanie Fayolle confirmait son diagnostic initial en précisant « qu’une fois en place ces cyanobactéries, comme le virus de l’herpès dans un corps, ne meurent jamais et sont persistantes en attente d’une réactivation en réponse à un signal nutritif » …

La décomposition minérale de cette marée verte va engendrer un appauvrissement de l’oxygène dissous et par conséquent asphyxier et condamner tous les organismes vivants du milieu aquatique. Ces cyanobactéries produisent aussi de nombreuses toxines potentiellement nocives pour la santé environnementale, domestique et humaine.

À Aix-en-Provence, le long de la Promenade de l’Arc – Christine Bernard, nous constatons de légers grésillements dans l’eau accompagnés de bulles et d’odeurs suspectes. À notre connaissance, malgré nos signalements, aucun prélèvement ni analyse ne sont venus expliquer ce phénomène surprenant.

Nos fleuves côtiers en Provence, tels que l’Arc, la Touloubre, l’Huveaune, les Aygalades avec leurs affluents, certes modestes par leurs dimensions et leurs faibles pentes, sont indispensables au maintien de températures supportables, la fertilisation de nos terres, la biodiversité. Ils sont des éléments constitutifs majeurs des paysages de plaine et participent grandement au bien-être et à la santé de nos populations. Autrement dit, une crise écologique de cette ampleur, relevant de pollutions très fortes, sur de petits écosystèmes fragiles, risque bien d’avoir un effet à la fois considérable et fortement destructeur.

Nos fleuves côtiers sont vulnérables, fébriles et menacés par la crise climatique, les activités humaines, la faible recharge automnale due au manque de pluies, l’élévation des températures et les forts étiages que cela provoque. Nous constatons, à notre grand regret, que dans les documents cadres et particulièrement le SCOT du pays d’Aix (schéma d’organisation territoriale), ils ne bénéficient d’aucune des sept mesures de protection prévues : ZNIEFF zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique – zones spéciales de conservation – sites protégés par arrêté préfectoral- réserves naturelles- espaces naturels sensibles- parc régional). Ceci n’est pas acceptable.

La ressource d’eau douce est un enjeu majeur pour notre région. Les générations futures risquent de payer très cher l’aveuglement et le déni de nos autorités locales. Nous sommes persuadés que devant l’urgence climatique et face à la complexité du statut juridique des fleuves côtiers qui sont de droit privé et dont les rives sont entièrement privatives, seule l’approche juridique que propose ARC FLEUVE VIVANT avec la création d’entités naturelles juridiques (ENJ), telles que déjà accordées aux Salines de Martinique ou à la Mar Menor en Espagne, est apte à assurer leur survie durable, voire leur restauration. Avec une personnalité juridique, les fleuves côtiers pourront exister face à la justice et être défendus contre toutes les actions délibérées ou accidentelles, portant atteinte à leur intégrité. Doublée de la désignation de représentants ou porte-voix pour ces écosystèmes fragiles, la démarche assure aussi la réactivité et la traçabilité nécessaire face aux urgences comme celles que nous venons de connaître.
Stéphanie Fayolle par sa proximité avec le fleuve ARC et sa spécialisation professionnelle, est une lanceuse d’alerte pertinente et scientifique. Mais combien en faudrait-il le long des 85 km du fleuve pour réellement assurer sa survie ?

ARC FLEUVE VIVANT demande que la démarche des Droits et la désignation de représentants des fleuves soient initiées pour la survie de l’ARC et de tous les fleuves côtiers de notre aire métropolitaine.

Illustration : Pollution de l’Arc sur la commune de Trets, photo prise par l’association Respire Trets, fevrier 2024.
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