Le petit fleuve côtier de l’Arc est méconnaissable à Trets, recouvert par une masse visqueuse d’une coloration verte fluo sur plusieurs centaines de mètres, depuis plusieurs jours. Selon Stéphanie Fayolle, hydrobiologiste algologue et maître de conférences à Aix Marseille université, membre de l’association Respire Trets et du comité scientifique d’Arc Fleuve Vivant, qui a analysé plusieurs prélèvements, il s’agit de cyanobactéries inextricables, aux potentialités toxiques pour la santé humaine et animale.

La cause de ce verdissement qualifié d’efflorescence algale par les spécialistes, totalement inédit en cette saison, est due à une hyper-eutrophisation du milieu : ce processus se caractérise par un enrichissement nutritif important en azote et en phosphore. L’origine de cet apport nutritif peut provenir du lessivage de sols cultivés avec des engrais chimiques, de rejets sauvages de matière organique azotée, couplé à un faible niveau d’eau, une stagnation du courant, une canopée sans feuille et une température printanière ; tous les ingrédients étaient réunis pour que ça « prolifère » et empoisonne le milieu et sa biodiversité.

Des analyses complémentaires sont en cours et une enquête judiciaire a été lancée par l’Office français de la biodiversité (OFB). En attendant, la mairie de Trets a publié un arrêté interdisant les activités de pêche, de baignade, d’abreuvement des animaux domestiques et de consommation de toutes les espèces de poissons issus de l’Arc et de ses affluents sur tout le territoire de la commune.
 Sur ce secteur de l’Arc, impacté par cette marée verte, le risque d’asphyxie de la faune aquatique est imminent et va se traduire par une mortalité piscicole et des macro-invertébrés qui ne pourront plus respirer, avec une contamination à terme de tout le linéaire du cours d’eau jusqu’à l’étang de Berre où se jette l’Arc.

Implorons le ciel pour que les pluies et le vent viennent diluer et ré-oxygéner ce milieu fébrile, pour que ce cours d’eau retrouve sa santé écologique et son équilibre naturel. Mais, une fois présentes dans un cours d’eau, ces algues n’en disparaissent jamais complètement, pouvant réapparaître et proliférer dès que les conditions sont réunies.

Pour Arc Fleuve Vivant, une situation qui rend encore plus urgente la protection réelle de l’Arc et de ses affluents, avec notamment la préservation et le développement de leur ripisylve (forêt des rives qui limite l’évaporation de l’eau), l’interdiction d’intrants chimiques toxiques pour le milieu, de prélèvements et rejets sauvages, ainsi qu’un meilleur contrôle de la qualité de l’eau en sortie des stations d’épuration.

Photos de l’Arc à Trets et des analyses effectuées par Stéphanie Fayolle, février 2024.

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